Un peu de théorie !

La Gestalt Thérapie attache une grande importance au « contact » qui a lieu entre l’organisme — c’est-à-dire l’être humain — et son environnement. Elle est d’ailleurs une « thérapie du contact », en ce sens qu’elle prend soin du contact existant entre le patient et le thérapeute. Elle regarde comment l’individu s’ajuste créativement, ou non, aux situations qu’il rencontre.
Tout cela a lieu dans un « champ » et au cours d’un cycle, dénommé « cycle de l’expérience » ou « Cycle du contact ».

Ainsi, la Gestalt [et donc le praticien gestaltiste qui vous accueille] sera attentive aux formes que prennent l’expérience et le contact, ainsi qu’à ce qui les empêche de se déployer, ce qui empêche l’ajustement créateur d’exister : Où ça bloque ? et surtout : Comment ça bloque ?

Parfois nommées « résistances » qui est un terme plutôt psychanalytique, nous préférons, en tant que gestaltiste, le terme de « mécanismes de régulation du contact ».

Il y en a cinq principaux. La Gestalt ne les voit pas comme des fonctionnements systématiquement négatifs. Parfois, ces mécanismes ont leur utilité, et parfois, ils ne sont pas, ou plus, adaptés aux situations qui se présentent. En avoir conscience, les connaître, se connaître, permet tout simplement d’y porter la bonne attention, d’y mettre du sens afin de recouvrer sa liberté de choix et d’être.

Le contact, c’est l’appréciation des différences.
— Fritz Perls —

La confluence

« Je suis toi, tu es moi ».
La confluence est en fait une absence de frontière-contact entre vous et votre environnement, la symbiose, la fusion, une non-différenciation.

— Côté positif : la confluence permet d’être en empathie, de comprendre l’autre, d’aller vers l’autre. Elle facilite les rencontres, l’ouverture.

— Côté négatif : l’autre, l’environnement peut perturber, voire envahir. On ne sait pas s’extraire de la relation, on ne sait pas dire « non » ou se protéger. Ce que veut l’autre, je le veux obligatoirement.

C’est quand le mécanisme se met en place tout seul, dans toutes les situations, quand on ne sait pas faire autrement, quand ça génère de l’inconfort, voire de la souffrance, qu’il convient de la regarder.

L’introjection

L’introjection est l’absorption et l’assimilation du monde extérieur en soi. Nous fonctionnons beaucoup de cette façon, car c’est grâce à cela que nous grandissons, que nous apprenons, c’est le fondement de l’éducation. « J’apprends de toi » !

Le problème intervient quand nous introjettons ce que nous propose l’environnement sans le mastiquer et que nous l’avalons tout rond. L’assimilation est donc désajustée, puisqu’il n’y a pas de discrimination (« je prends / je ne prends pas »). Nous faisons nôtres des idées qui ne nous appartiennent pas.

Nous pouvons parfois les repérer grâce aux « il faut que je », « je dois absolument être », « je n’ai pas le choix, c’est comme ça », etc. Ce sont aussi toutes les « étiquettes » qu’on nous a collées, et qu’on a laissé l’autre nous coller, qui disent : « je suis une femme qui est … », « de toute façon, je suis comme ça … », « je ne peux pas changer, j’ai toujours été … », etc.

La projection

La projection, c’est le fait d’attribuer à l’environnement, à autrui, ce qui nous appartient, que ce soit nos pensées, nos désirs ou nos sentiments (qu’ils soient positifs ou négatifs).

C’est une façon d’aller vers le monde intéressante puisque cela nourrit la création artistique, l’imagination, l’empathie, la bienveillance, ou encore notre capacité à faire des hypothèses, des projets d’avenir, d’ouvrir des possibles. Cela peut devenir non ajusté quand on attribue aux autres des pensées et des intentions qu’ils n’ont pas, et que ces mêmes pensées et intentions, inexistantes et imaginaires donc, viennent nous impacter, et parfois nous empêcher d’être ou d’agir.

La rétroflexion

La rétroflexion consiste à retourner contre soi un mouvement naturel (dire, faire, se mettre en colère, aller vers) qui serait initialement destiné à l’environnement. « Je ne peux te dire ce que je pense, par peur de te blesser ou par crainte de ta réaction, ou parce que l’enjeu est trop important … je vais donc retourner ça contre moi et m’agresser moi-même ».

Rétrofléchir peut être tout à fait ajusté : parfois, il est nécessaire de ne pas dire ses quatre vérités à son manager sous peine d’être licencié … mais ce qui peut poser problème, c’est lorsqu’on retourne contre soi cette non-expression et qu’on la rumine nous empêchant ainsi, par exemple, de travailler correctement, d’être serein en famille le soir ou de dormir.

La rétroflexion systématique est le terreau de nombreuses somatisations. Puisque je retourne mon énergie contre moi au lieu de l’exprimer, je m’auto-agresse et mon corps me le fait savoir.

Tout ce qui ne s’exprime pas … s’imprime.

L’égotisme

L’égotisme est une sorte de barrière ultime entre soi et l’environnement, une protection renforcée, une façon de garder le contrôle : rien ne rentre et rien ne sort, la frontière-contact est étanche.

Côté positif, c’est un fonctionnement très utile quand on veut travailler dans le brouhaha d’un open space ou d’un café par exemple ; ou quand on a affaire à des personnes toxiques et envahissantes. Mais parfois, cela met de la distance avec autrui et cela peut aller jusqu’à une rupture totale de contact.