Parfois, on a « juste » besoin d’être écouté·e … pas d’être sauvé·e, ni de recevoir des conseils … Juste être écouté·e dans ce qu’on vit, sans jugements.

Je vous partage cette vidéo ainsi qu’un magnifique texte de Jacques Salomé (que j’adore) sur l’écoute.

Je dois avouer que la première fois que j’ai vu cette vidéo, elle m’a bien fait rire ! Et en même temps, je me disais : « Mais c’est tellement ça ! » Parfois, on a juste besoin de parler et d’être écouté, mais écouté vraiment. On n’attend rien d’autre. Or, écouter vraiment, écouter simplement, est loin d’être simple. Il me semble que c’est, au contraire, tout un art.

Ecouter, c’est faire, en quelque sorte, abstraction de soi, de ce qu’on pense, de ce qu’on imagine, de ce qu’on voudrait pour l’autre.

Ecouter, c’est faire preuve de curiosité, c’est rejoindre l’autre au plus près de son expérience, c’est « être dans l’Epoche (la mise en suspend de son propre jugement sur les choses).

Ecouter de cette façon, c’est aussi faire confiance à l’autre : il a les moyens, les capacités de trouver tout seul son chemin. Ce qu’il cherche, c’est simplement un support, un miroir. Se dire à l’autre pour, finalement, se dire à soi-même, mais pas seul. Et sentir que l’autre est là, tout près.

Le texte de Jacques Salomé, auteur dont je suis fan depuis tellement longtemps que je ne compte plus les années et dont certaines citations émaillent ce site, vient mettre en lumière la beauté de cette écoute.

Bonne lecture !

Corinne 

Quand je te demande d’être écouté
Quand je te demande de m’écouter
et que tu commences à me donner des conseils,
je ne me sens pas entendu.

Quand je te demande de m’écouter
et que tu me poses des questions,
quand tu argumentes,
quand tu tentes de m’expliquer ce que je ressens
ou ne devrais pas ressentir,
je me sens agressé.

Quand je te demande de m’écouter
et que tu t’empares de ce que je dis
pour tenter de résoudre ce que tu crois être mon problème
aussi étrange que cela puisse paraître,
je me sens encore plus en perdition.

Quand je te demande ton écoute,
je te demande d’être là, au présent,
dans cet instant si fragile où je me cherche
dans une parole parfois maladroite,
inquiétante, injuste ou chaotique.
J’ai besoin de ton oreille, de ta tolérance,
de ta patience pour me dire au plus difficile comme au plus léger.
Oui simplement m’écouter… sans explication ou accusation,
sans dépossession de ma parole.

Écoute, écoute-moi.

Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter.
Au plus proche de moi.
Simplement accueillir ce que je tente de te dire,
ce que j’essaie de me dire.
Ne m’interromps pas dans mon murmure,
n’aie pas peur de mes tâtonnements ou de mes imprécations.
Mes contradictions comme mes accusations,
aussi injustes soient-elles, sont importantes pour moi.

Par ton écoute je tente de dire ma différence,
j’essaie de me faire entendre surtout de moi-même.
J’accède ainsi à une parole propre,
celle dont j’ai été longtemps dépossédé.
Oh non, je n’ai pas besoin de conseils.
Je peux agir par moi-même et aussi me tromper.
Je ne suis pas impuissant,
parfois démuni, découragé, hésitant, pas toujours impotent.
Si tu veux faire pour moi,
tu contribues à ma peur,
tu accentues mon inadéquation et
peut-être renforce ma dépendance.

Quand je me sens écouté, je peux enfin m’entendre.
Quand je me sens écouté, je peux entrer en alliance.
Établir des ponts, des passerelles incertaines
entre mon histoire et mes histoires.
Relier des évènements, des situations,
des rencontres ou des émotions pour en faire la trame de mes interrogations.
Pour tisser ainsi l’écoute de ma vie.

Oui ton écoute est passionnante.
S’il te plaît écoute et entends-moi.
Et si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant
que je puisse terminer et je t’écouterai à mon tour,
mieux, surtout si je me suis senti entendu.

Jacques Salomé