Vous le savez, j’aime les histoires, les analogies. Ce sont autant de portes directement ouvertes sur notre imaginaire.
Elles regorgent de bon sens, et nous apportent une aide décalée pour avancer sur notre chemin.

Je vous invite à vous plonger dans un doux poème qui parle de celles et ceux, qui sont hypersensibles,
de celles et ceux qui sont à fleur de peau, à fleur de mots, à fleur de coeur.
A savourer.

On les appelle les émotifs, les penseurs.
Je suis hypersensible.
Tout me touche, m’atteint, m’émeut, me submerge, me gonfle.
J’ai mal pour moi, pour l’autre.
Je ressens.
Je pleure pour un rien, je ris facilement.
Je sens les odeurs, les âmes, la tristesse.
Je n’ai aucune limite à ressentir.
Je m’énerve plus facilement,
Je suis à fleur de mots, de peaux, de beaux.
Je suis une hypersensible.
Je suis différente.
Remplie de poésie.
Quelque chose danse en moi.
Une lumière me rend bizzare, intouchable, indomptable.
J’en demande toujours trop.
Je parle pour ne rien dire, parce ce qu’il y a toujours quelque chose à en dire.
On les appelle les marginaux, les fous, les extra humains.
Je suis une écorchée, une abîmée, une blessée de vie.
Je suis empathe.
Je décèle ce qu’on ne me dit pas,
Je tire les vers du nez.
Je respecte le silence, car je le parle couramment.
Je suis ainsi.
Un peu cabossée, tendre, et émotive.
J’ai un orage qui gronde, et un arc en ciel qui brille.
Je ressens plus fort, tout ce qui effleure l’autre.
Je peux perdre pied.
Plus vite, plus violemment que quelqu’un d’une sensibilité normale.
La mienne n’est jamais banale.
J’ai une petite boule qui bouge en moi.
Qui se coince dans ma gorge, fait mal à mes yeux, ou fout le feu dans mon ventre.
Je peux ressentir très fort, m’envoler très haut et redescendre brutalement.
Je peux éclater en sanglots, et rire aux éclats pour quelque chose qui me fait peur, vibrer, ou vivre.
Je vis toujours accrochée à ma boule d’émotion.
Elle ne saute pas aux yeux des autres, mais prend toute la place en moi.
C’était ma fragilité, j’en ai fait ma force.
C’est mon démon que j’aime, mon diable au corps.
Mon cœur qui bat n’est pas un muscle chez moi,
C’est un lieu d’immersion, de rendez vous, de petites morts et de profondeurs inégalées.
Et celui qui peut me comprendre, alors seulement celui là, peut m’aimer… »

Texte de Cyrielle Soares ©

Découvrez la page de […] La dame aux bons mots sur Facebook

Je reçois dans mon cabinet des femmes et des hommes hypersensibles. Plus souvent des femmes. Les hommes le seraient moins ? Je ne crois pas. Mais, parfois, il leur faut plus de temps pour laisser apparaître cette part d’eux. On leur a tellement dit qu’un homme … « ça doit être fort » !

Souvent, l’hypersensibilité émerge avec une gorge qui se serre, des yeux qui s’embuent, une parole qui n’arrive plus à ce dire, ou un rire qui fuse … parce que, à ce moment-là, tout l’être est envahi, submergé. « Ça » sort et c’est tout l’intérieur, toute la profondeur, qui se donnent à voir. Et souvent, quasi systématiquement, arrive l’excuse : « Je suis désolé.e » ou « Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça ».

Ce qui est présent pour moi à ces moments-là, quand ça émerge, c’est l’émotion de voir l’émotion. Même si je ne sais pas ce qui la provoque. C’est comme si je « voyais » encore plus apparaître ma cliente ou mon client. Comme si une porte s’ouvrait et me laissait entrevoir toute la palette d’humanité de mes clients. Ce qui est présent également, c’est la gratitude car, à ces moments-là, mes clients se donnent totalement à voir par moi, car tout se passe entre nous, dans cet ici-et-maintenant précieux de la séance.

Je connais bien ces émotions foisonnantes, cette sensation de « trop », cette impression que « ça nous échappe ». J’ai longtemps lutté contre. Voire été honteuse de cela. Et puis un jour, j’ai rencontré une personne qui m’a aidée à prendre conscience que ce que je voyais comme une faiblesse était finalement … ma plus belle force. Tout moi est présent dans cette hypersensibilité. C’est le terreau de mon humanité et de ma puissance de femme. Ce jour-là, je me suis réconciliée avec cette part de moi.

Et puis, j’ai rencontré la Gestalt. Et ce « à fleur de peau, à fleur de mots, à fleur de coeur » a pris tout son sens et est venu nourrir ma pratique et mon accueil de l’autre.

Corinne