Aujourd’hui, je vous propose, sur la base d’un article de Psychologue.net et que j’ai trouvé intéressant, un thème qui arrive très souvent en thérapie : la difficulté à prendre sa place et vivre sa vie, par respect, par loyauté, pour ne pas « être méchante ». S’oublier soi pour préserver les autres, surtout si ces « autres » sont les parents, la famille.
Cette difficulté a des ramifications dans les autres sphères de la vie : familiale, amicale, mais aussi professionnelle. Elle génère anxiété, culpabilisation, dévalorisation, voire mise en échec ou sabordage.
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Peut-être connaissez-vous des femmes ou des hommes qui vivent et fondent leurs choix en fonction des autres. En fonction de ce qu’ils imaginent que les autres vont penser. En fonction de comment ils imaginent que l’autre va les juger. Même si bien souvent, leur plus féroce juge est … eux-mêmes.
Pour obtenir l’approbation, ces personnes mettent en place des comportements accommodants, elles s’ajustent voire se sur-ajustent. Elles essayent de s’adapter au mieux aux demandes externes, surtout à celles émanant de la famille. Ces demandes peuvent exister et être formulées dans le présent, mais elles peuvent également avoir existé à un moment donné dans leur histoire familiale et être toujours « actives » aujourd’hui.
Pour répondre à ces demandes externes, à ces injonctions — injonctions parfois devenues introjets — elles vont tendre vers l’éclipse de leurs propres besoins ou désirs. Parfois même, elles ne seront plus à même de les identifier. Elles arrivent en thérapie avec des phrases comme : — « Je ne sais plus de quoi j’ai envie », — « Je n’ai envie de rien », — « Ce que je veux n’a pas d’importance ». Elles donneront plus de valeurs aux besoins des autres qu’aux leurs. Sentez-vous comment ce mécanisme vient impacter l’estime de soi ?
Une spirale s’instaure : la recherche de l’approbation, la validation de leurs choix, au risque d’y perdre leur liberté. Parce que ce sont souvent des femmes — mais certains hommes sont également concernés — ce mécanisme prend le nom de ❝Syndrome de la gentille fille❞.
Les émotions associées
Habituellement, pour la personne concernée par cette dynamique, il y a deux émotions dominantes :
L’anxiété : une émotion qui monte lorsque l’autre personne semble critique, qu’elle boude ou qu’on la sent s’éloigner. Ca peut être lors d’une critique, remarque, remontrance, désaccord d’un partent, mais également, lors d’une dispute dans le couple, d’une remontrance d’un hiérarchique, … L’anxiété s’accompagne souvent de questionnements tels que : — « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? ».
La réponse qui suit est souvent autocritique, autojugeante : — « Peut-être que je n’ai pas passé assez de temps avec elle / lui ? », — « Peut-être que je n’ai pas accordé d’importance à … ? » — « Peut-être que je ne suis pas assez bien pour … ? » — « Peut-être que j’aurais dû faire plus ? ».
Plus complexe comme processus, l’anxiété est également liée à la frustration, souvent inconsciente, d’agir en fonction d’autrui et non de soi. Comme si chaque protagoniste, chacun à un bout de la corde, tirait pour faire pencher la balance en faveur. Qui tombera dans le ravin ? La tension étant trop forte, cette lutte interne peut amener à des crises de panique. La tentation inconsciente de se couper encore plus de ses ressentis, émotions, besoins, envies est bien là.
Le sentiment de culpabilité : un grand classique qui entre en jeu lorsque la personne, un jour, presque par hasard, « ose » se donner plus d’espace, « ose » prendre sa place, « ose » exprimer son besoin ou son désaccord, tout simplement sa différence.
D’un côté, il y a la petite voix qui argumente les raisons des choix faits, et les actes qui mettent en musique les besoins de la personne. De l’autre, il y a une deuxième petite voix qui va venir juger : — « Tu es égoïste » — « Tu es indifférente. » — « Tu n’es pas comme ton parent le voudrait. » — « Tu les déçois. » … — « Tu n’es pas une gentille fille ! »
A votre avis … quelle voix l’emporte ? Le besoin réel de la personne ? ou le message jugeant et le risque de décevoir l’autre ?
La première étape consiste à «défaire la dynamique». Prendre conscience que l’on a un rôle dans l’alimentation de celle-ci. Souvent, ces personnes se sentent victimes des autres ou se culpabilisent. L’essentiel est de reconnaître comment je nourris la dynamique sans m’en rendre compte à mon détriment. Comment je deviens moi-même mon propre bourreau. Ce faisant, la personne peut reprendre la main, sortir de l’impuissance et entrer dans une logique d’un changement de paradigme.
La deuxième étape consiste à renouer avec ses propres envies, ses propres besoins. De quoi ai-je envie ? Et s’affranchir du filtre de l’auto-jugement. Facile à dire mais c’est la phase la plus difficile car, rappelez-vous, chacune de mes deux parts de moi, de mes deux petites voix, tirent chacune d’un côté : celle qui veut s’affirmer et celle qui juge, celle qui a peur du jugement. Il est facile de se décourager à ce stade et de penser que s’adapter est peut-être moins fatigant.
La troisième étape : apprendre à exprimer la dissidence, notre singularité, de manière efficace et constructive. Maintenant que je sais ce qui est important pour mon bien-être … apprenons à le verbaliser. Ici aussi, il y a un besoin de travail intense de la part de la personne car il s’agit de briser les vieilles habitudes et d’en créer de nouvelles à travers une communication complètement différente.
La quatrième étape : phase la plus difficile de toutes mais nécessaire. Il faut accepter que, parfois, ce que nous voulons peut contrarier autrui, et que la façon dont nous nous affirmons ne plaise pas à tout le monde. Nous pouvons donc recevoir des critiques et des jugements, qui reflètent la vision de l’autre et ne nous engagent ni à être d’accord, ni à plier pour faire plaisir à l’autre.
S’affirmer et plaire aux autres ne voyage pas nécessairement sur le même chemin. Le grand avantage, cependant, est que les gens qui nous choisissent le font parce qu’ils nous acceptent tels que nous sommes et non comme ils voudraient que nous soyons.
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